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THE WEDDING PRESENT – Interview – Paris, mardi 16 novembre 2010

Huit albums studios, de nombreuses compilations, albums live, d’innombrables concerts… En 25 ans de carrière les Wedding Present sont entrés au panthéon du Rock Indépendant, mais sont toujours bien vivants… David Gedge rend aujourd’hui hommage à l’album ‘Bizarro’ en le rejouant dans son intégralité, l’occasion idéale de revenir avec lui sur le présent, le passé, et l’avenir…

THE WEDDING PRESENT - Interview - Paris, mardi 16 novembre 2010

Il y a deux ans j’ai vu les Wedding Present rejouer sur scène ‘George Best’ dans son intégralité. Aujourd’hui c’est au tour de l’album ‘Bizarro’. Comment est venue cette idée de rejouer ces albums?

David Gedge : En 2007 c’était les 20 ans de l’album ‘George Best’, et notre maison de disques voulait le ressortir. Là, ils m’ont dit « ça t’intéresserait de rejouer George Best en concert? » Et je leur ai dit non! Pas du tout! Franchement j’ai toujours été plus intéressé par l’avenir, travailler sur de nouvelles chansons, aller de l’avant. Mais toutes les personnes à qui j’en ai parlé, le groupe, les amis, les fans m’ont tous dit « Oh Oui! Il faut que tu joues ‘George Best’, j’aimerais voir ça! ». Donc on l’a fait. Et à ma grande surprise j’y ai pris beaucoup de plaisir. J’ai trouvé ça intéressant de regarder en arrière, de voir comment j’étais il y a 20 ans, comment je travaillais mes chansons. Et évidemment les choses ont changé. C’est surréaliste, comme si j’ouvrais un vieux carnet intime, en me disant « Oh Tiens j’ai vraiment dit ça à l’époque? ». Mais en même temps ‘George Best’ est l’album des Wedding Present que j’aime le moins. Donc si je l’ai fait pour celui-là, je me suis dit qu’on devrait aussi le faire pour ‘Bizarro’, car c’est un meilleur disque, ça a plus de sens. C’est un peu plus intéressant. ‘George Best’ ne sonnait pas pareil, les chansons de ‘Bizarro’ sont meilleures, tout simplement. Donc on a commencé cette tournée. Il faut ajouter qu’en Amérique personne ne connaît ‘George Best’, les Américains pensent que ‘Bizarro’ était notre 1er album, donc jouer celui-ci nous permet de faire une plus grosse tournée aux US.

Et l’album ‘Tommy’ est plus ancien aussi…

David Gedge : En Europe oui, les gens connaissent cet album et George Best, mais aux US ils te disent « c’est qui, ce footballeur? C’est toi? ».

Cette tournée a été accompagnée par la sortie d’un CD live, tout comme la précédente. Y-a-t-il beaucoup d’enregistrements de ces années-là que tu voudrais rééditer en CD?

David Gedge : Oui, en fait il y en a 17 qui avaient été enregistrés à l’origine sur cassette. Franchement j’aimerais les rééditer toutes, parce que j’aime cet archivage, qui n’existe aujourd’hui que sur bande. A chaque fois qu’on édite un album live, on le remasterise en studio, et puis il est ensuite gravé sur un format plus sûr qu’une cassette. J’aimerais vraiment pouvoir faire l’intégralité de ces concerts. Ce n’est pas parce que ça marche d’un point de vue économique, c’est juste moi qui suis égoïste, j’ai envie de les avoir en CD! Mais il faut que ça se vende aussi! Je ne peux pas perdre de l’argent en faisant ça, mais jusqu’ici ça se passe plutôt bien.

C’est bien pour les fans…

David Gedge : Pour les très gros fans oui, mais pour les autres ce ne sont pas les albums live qui les intéressent le plus. Et puis de toute façon les ventes de CDs chutent de plus en plus chaque année. Je continuerai à faire ça tant que ça sera possible, mais j’espère bien ressortir la série entière.

Quand tu repenses à l’époque de ‘Bizarro’, est-ce que tu pensais alors que les Wedding Present seraient toujours là 20 ans plus tard?

David Gedge : Je ne sais pas vraiment… D’un côté non, parce qu’on s’était dit au début qu’on ne serait pas l’un de ces groupes qui continuent indéfiniment, qu’on sortirait juste quelques bons tubes avant de splitter. Bon, c’était un peu une plaisanterie, mais je suis assez surpris que ça fasse déjà 25 ans, et le temps est passé très rapidement. D’un autre côté je dirais que je ne suis pas surpris parce que j’ai toujours su que c’était ça, ce que je ferais de ma vie. Depuis très jeune j’ai toujours imaginé que je serai dans un groupe, ou DJ, ou quelque chose en relation avec la musique. Donc le fait que je soit toujours impliqué ne m’étonne pas.

THE WEDDING PRESENT - Interview - Paris, mardi 16 novembre 2010Alors le groupe pourrait toujours être là en 2030?!

David Gedge (rires) : Ahaha! C’est vrai que ça a l’air ridicule en le disant, mais qui sait?

Est-ce difficile de revenir à un jeu de guitares très rapide, alors qu’aujourd’hui les chansons des Wedding Present sont peut-être un peu plus calmes?

David Gedge : Oui, c’était un style plus agressif. On a commencé par une tournée au US, on a répété à Los Angeles et le problème n’était pas de jouer correctement les chansons parce que je m’en souvenais, mais plutôt d’en retrouver l’énergie. C’est comme se préparer tous les jours pour une compétition sportive! C’est bon pour les muscles, et particulièrement pour Charlie, le batteur. C’est pour lui que c’est le plus dur parce que c’est très rapide même si les chansons ne sont pas longues. C’est marrant parce que dans la salle de répétition à Los Angeles on avait la climatisation, mais il voulait toujours qu’elle soit éteinte pour qu’il fasse très chaud, pour être sûr d’être capable de jouer en concert lorsqu’il fait très chaud dans la salle! Enfin on s’est bien préparé.

Au fil des ans il y a eu beaucoup de changements au sein du groupe, comment fais-tu pour recruter de nouveaux membres?

David Gedge : A chaque fois c’est différent. En général quand on auditionne des gens, on les connaît ou ce sont des amis d’amis. Par exemple notre bassiste, Terry, est partie après 12 ans en août dernier. J’ai juste demandé à notre ingénieur du son s’il connaissait quelqu’un, et tout de suite il m’a dit, « Oui, Pepe, de Suisse, elle serait parfaite ». J’étais aux Etats-Unis à ce moment-là donc je lui ai envoyé un email, posé quelques questions… Et puis tu sens si ça va marcher ou non, et là c’était vraiment bien. C’est toujours triste de voir des gens partir. Par exemple ça faisait tellement longtemps que je connais Terry qu’une forte amitié s’est construite, mais même si je peux paraître un peu dur en disant ça ainsi, mais c’est bien de voir aussi de nouvelles têtes arriver. Le groupe change un peu et ça lui donne un nouveau dynamisme et de l’inspiration, des idées. A chaque fois c’est un peu une renaissance.

Et cela a-t-il un impact sur le groupe en ce qui concerne les compositions?

David Gedge : Oui, bien sûr. Je suis plutôt fier que tous les disques soient assez différents, avec chacun un style et un son propres, et je pense que c’est lié au fait d’avoir des membres différents. Et puis je trouve que ça rend tout cela plus intéressant.

Les Wedding Present sont surtout un groupe de scène, on a l’impression que vous tournez en permanence. Tu ne t’en lasses jamais?

David Gedge : Je ne dirais pas ça comme ça. Le fait de voyager peut être ennuyeux, être loin de chez soi pour une longue période peut être difficile. Mais quand je monte sur scène j’ai cette poussée d’adrénaline. L’excitation de jouer mes chansons au public efface tout l’ennui et toute la fatigue. C’est quelque chose de si formidable! Les autres membres ne le ressentent peut-être pas autant ainsi, c’est différent pour moi parce que c’est mon groupe. Par exemple Terry était fatiguée après 12 ans de tournée, son copain lui disais « Tu pars encore? » et ça lui manquait d’être chez elle, donc avec le temps oui, les autres peuvent avoir tendance à être un peu moins enthousiastes.

Les Wedding Present ont même leur propre festival, ‘At The Edge Of The Sea’, peux-tu m’en parler?

David Gedge : J’ai tout bêtement choisi comme nom celui d’une chanson des Wedding Present, ‘At The Edge Of The Sea’, qui est la face B de notre deuxième single, on la retrouve sur l’album ‘Tommy’ d’ailleurs. Je me suis dit que ça serait un nom idéal pour un festival à Brighton. Enfin, j’appelle ça festival, mais en fait c’est juste un concert des Wedding Present, sur une journée entière où j’invite mes amis, des groupes que j’ai rencontré, ou qui ont tourné avec nous…

Par exemple il y a eu The Ukrainians à ce festival?

David Gedge : Oui, The Ukrainians. Terry (De Castro, l’ex-bassiste, ndlr) a aussi joué un set en solo, mais aussi d’anciens membres des Wedding Present, comme Paul Dorrington qui avait été notre guitariste au début des années 90. Notre tout premier batteur, Shaun(Charm an, ndlr) a fait un DJ set l’an dernier. Une fois encore c’est une idée très égoïste de ma part, de faire jouer juste des personnes que je connais, mais c’est bien, les gens s’y amusent, passent une bonne journée.

Moi-même j’aurais aimé voir ça, c’est super pour les fans qui peuvent voir des groupes comme The Ukrainians qui ont un lien avec les Wedding Present.

David Gedge : En fait ils sont venus pour la première édition, mais ils n’ont pas pu cette année. Ce serait super qu’ils reviennent parce que les gens ont adoré, le public était déchaîné. Ils sont excellents pour les festivals, même sans connaître leur musique c’est vraiment bien de les voir jouer.

En fait pourquoi as-tu décidé de remettre les Wedding Present sur les rails en 2004, après plusieurs années de Cinerama?

David Gedge : En fait je n’ai pas relancé le groupe. Quand j’ai commencé Cinerama ça ne devait être qu’un projet temporaire, et puis nous avons fait 3 albums, et je me disais peut-être inconsciemment que nous serions Cinerama à tout jamais désormais. Mais album après album, la musique s’est rapprochée des Wedding Present.

C’est le cas de ‘Torino’… (le dernier album de Cinerama, ndlr)

THE WEDDING PRESENT - Interview - Paris, mardi 16 novembre 2010David Gedge : Oui, tout à fait. En fait quand on a commencé à travailler sur ‘Take Fountain’ on se disait que ce serait le quatrième album de Cinerama. On a fait à ce moment-là une session live pour John Peel sur la BBC et tous les producteurs et techniciens m’ont dit « C’est du Wedding Present! », parce que j’avais déjà souvent été là-bas avec les deux groupes. Cinerama était plus basé sur les cordes, les flûtes, les trompettes… Et là on revenait au modèle guitare / basse / batterie et les chansons sonnaient beaucoup plus comme celles des Wedding Present. Alors je ne m’en étais peut-être même pas rendu compte moi-même jusqu’ici, mais je me suis dit alors « oui, en effet… Ca, c’est du Wedding Present, alors peut-être devrions-nous reprendre ce nom là ».

Le même groupe en fait, mais avec une musique différente!

David Gedge : Quand j’ai commencé Cinerama, je voulais vraiment que ce soit différent, avec moins de guitares et plus de claviers. Un groupe plus ‘Pop’ en fait. Après huit années, c’était redevenu les Wedding Present!

C’est d’ailleurs dommage qu’à l’époque Cinerama n’ait jamais joué en France!

David Gedge : Oui… Mais peut-être un jour reviendrons-nous!

Tout au long de ta carrière tu as principalement écrit des chansons d’amour. Tu n’as jamais eu envie de te pencher sur d’autres thèmes?

David Gedge : Si, bien sûr. Mais je n’ai jamais été autant satisfait du résultat. Quand je repense à mes chansons préférées quand j’étais gamin, c’était des chansons d’amour des Beatles ou de la Motown. Je trouve que c’est le sujet qui sied le mieux à la musique Pop. Ca sonne bien pour moi. Quand j’écris sur autre chose, non seulement j’en suis moins content mais je trouve ça aussi un peu prétentieux, ou stupide, selon les cas. Je ne sais pas si je dois dire ça mais je pense que je suis très doué pour les chansons qui traitent des relations, c’est-à-dire de ce que se dit un couple dans ses conversations quotidiennes. Et c’est quelque chose qui m’intéresse.

Aujourd’hui ton approche de l’industrie musicale est aussi très indépendante, avec ton propre label, c’est quelque chose d’important pour toi?

David Gedge : Ce qui est important pour moi, c’est d’avoir le contrôle. Je ne veux pas faire par exemple quelque chose de créatif en étant ensuite obligé d’avoir une réunion avec des businessmen qui me disent « Oh non, tu ne peux pas faire ça » ou « tu dois changer ça ». Je ne veux pas avoir de restrictions. Quel que soit ma manière de travailler, tant que j’ai le contrôle, ça n’a pas d’importance que ce soit sous un label indépendant ou une major. On a eu des contrats dans le passé avec des majors et ça s’est bien passé, parce que j’avais été clair dès le début : « Voilà ce que nous faisons, c’est le produit terminé, vous pouvez le vendre tel quel! ». Tant qu’ils n’interfèrent pas il n’y a pas de problème. Mais aujourd’hui l’âge des majors touche à sa fin, il arrivera un jour où tout le monde produira sa propre musique sur internet!

Pour revenir à la tournée ‘Bizarro’, penses-tu qu’il y aura une tournée similaire pour ‘Seamonsters’, ‘Hit Parade’, jusqu’à ‘El Rey’?!

David Gedge : Je ne sais pas, peut-être! Mais pour le moment ce que j’ai à l’esprit c’est la sortie de note nouvel album, l’année prochaine. Une fois qu’on l’aura enregistré on fera sans doute la tournée qui va avec, mais ensuite, oui, ‘Seamonsters’, peut-être… J’imagine que cet album sonnerait bien en live. Mais je ne planifie rien pour le moment.

Il y a donc de nouvelles chansons à venir?

David Gedge : Oui. ‘Bizarro’ nous a occupé toute cette année, mais nous a aussi laissé beaucoup de temps en répétition pour travailler de nouveaux morceaux. On jouait le set de ‘Bizarro’, ensuite il nous restait toute la journée pour les compositions. Et on en a donc quelques-unes maintenant… Oui j’espère que tout cela se concrétisera l’année prochaine.

Je crois que j’arrive à ma dernière question… Toujours pas de rappels? (ndlr : The Wedding Present ne fait jamais de rappels en concerts)

David Gedge (rires) : Non! Ahaha!

Y-a-t-il une raison en fait?

David Gedge : Oui. je trouve que quand tu as fini ton set, et c’est particulièrement évident lorsque tu es un jeune groupe et que personne ne te connaît encore, tu peux dire quand tu as fait un bon concert et que tout le monde a aimé. Là, c’est naturel de revenir. Puis tu arrives à un certain niveau de notoriété, tu joues tous les soirs et tu peux faire un rappel à chaque fois parce que tout le monde applaudit. Et je déteste ça quand un groupe prépare une set list, et que les chansons du rappel sont également prévues dans la set list, c’est entièrement prémédité, tout le monde s’attend à ce qu’ils reviennent, même si personne n’applaudit il y aura quand même un rappel. Tout cela est un peu trop cliché à mon avis. Et puis le set est une chose entière. Je veux dire, par exemple, si quelqu’un peint un tableau, et que tu arrives et tu lui dit « Oh! C’est super! S’il-te-plaît, peints-en un peu plus ici où là sur ta toile! ». Non, le tableau est fini. C’est un peu comme ça que je vois nos concerts!

Propos recueillis le mardi 16 octobre 2010 au Point Ephémère, Paris.

Un grand merci à David Gedge, ainsi qu’à Annabelle Gicquel et Vanina Valadié de Summery Agency pour avoir rendu possible cette rencontre.

Pour plus d’infos:

Chroniques:

The Wedding Present:

‘El Rey’ (2008)
‘Live 1987’ (2007)
‘Take Fountain’ (2005)
‘Hit Parade 2’ (1993)
‘Seamonsters’ (1990)

Lire l’interview de The Wedding Present, le mardi 16 octobre 2012

Le Petit Bain – Paris, vendredi 17 juillet 2015 : galerie photos
Le Point Ephémère – Paris, samedi 22 novembre 2014 : galerie photos
La Maroquinerie – Paris, samedi 12 octobre 2013 : galerie photos
La Boule Noire, Paris, Mercredi 24 octobre 2012 : galerie photos
Le Point Ephémère, Paris, Mardi 16 novembre 2010 : galerie photos
La Maroquinerie, Paris, Vendredi 2 novembre 2007: compte-rendu / galerie photos
Le Nouveau Casino, Paris, vendredi 26 mai 2006 : compte-rendu / galerie photos
Compte-rendu du concert à la Maroquinerie, Paris, mercredi 16 mars 2005 : compte-rendu / galerie photos

Cinerama:

‘Valentina’ (2015)
‘Torino’ (2002)
‘Disco Volante’ (2000)

Le Petit Bain – Paris, vendredi 17 juillet 2015 : galerie photos
Spirit, Dublin, Irlande, Dimanche 8 septembre 2002

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